Guadeloupe. SE Jawed Ashraf a visité les Archives pour mieux comprendre l’histoire des engagés indiens

Au cours de son séjour — qui se poursuit encore mardi — en Guadeloupe, l’ambassadeur d’Inde en France, Jawed Ashraf, a eu un long entretien avec le président du Conseil départemental, Guy Losbar, qui a pris soin d’inclure dans le programme du diplomate une visite aux Archives de la Guadeloupe, à Gourbeyre.

Ces archives départementales recèlent des fonds historiques d’une grande richesse et notamment des documents de première qualité sur l’immigration indienne.

Ainsi, les premiers actes de naissance, les listes d’engagés arrivés sur le territoire, des illustrations, des lettres… que l’ambassadeur a admiré avec une attention particulière, félicitant ceux qui ont réuni et conservé ces documents uniques.

Benoît Jullien, directeur des Archives de la Guadeloupe, s’est transformé en guide avisé, présentant les premiers documents, toujours émouvants, des premières arrivées, de la première naissance d’une immigrée indienne, il s’agissait d’une petite Mary, décédée sans postérité.

Benoît Jullien :

En fait, tout commence par l’abolition de l’esclavage, les premiers noms donnés aux anciens esclaves. De là vient l’engagisme des Indiens d’Inde sensés remplacer dans les champs les anciens esclaves qui, devenus libres, s’éloignaient de leurs anciennes servitude et de lieux leur rappelant de mauvais souvenirs.

Benoît Jullien a fait remonter des réserves des documents étonnants : des actes de naissance, dont celui de l’arrière grand-mère d’Olivier Sahaï, président du Gopio Guadeloupe étonné devant le document.

Danielle Minatchy, conseillère départementale, a fait montre de savoir en rappelant son travail — qui se poursuit — de faire la généalogie de toutes les familles d’origine indienne de l’archipel. L’ambassadeur s’est montré particulièrement intéressé par ce travail de longue haleine qui mérite des encouragements.

Le président Guy Losbar a tenu à remettre un souvenir de la visite de l’ambassadeur d’Inde en France, Jawed Ashraf.

A l’issue de la visite, le président Guy Losbar a rappelé que le Conseil départemental travaille à mettre en place un lieu où seraient rassemblées toutes les connaissances sur l’histoire des engagés ainsi que la culture indienne.

Guy Losbar :

En savoir plus

Parmi les documents consultables figure l’acte de naissance, datant du 27 janvier 1855, du premier enfant né de l’une des passagères de l’Aurélie. Il s’agit de Mary Mounouchy.

Parti du comptoir français de Pondichéry sur la côte orientale de l’Inde, ce coolie-boat a transporté les 312 premiers Indiens qui avaient signé un engagement pour venir travailler au moins cinq ans dans les champs de cannes, en 1854.

Cette visite aux Archives départementales est l’occasion de présenter à son Excellence la plateforme archivesguadeloupe.fr, permettant notamment de retracer l’ascendance des Guadeloupéen.nes.

Un moment d’histoire

27 janvier 1855, naissance de Mary Mounouchy, premier enfant d’immigrant indien né à La Guadeloupe

Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1854, un voilier dénommé l’Aurélie entre dans la rade de Pointe-à-Pitre. Il s’agit d’un événement essentiel pour la Guadeloupe. Car l’Aurélie est un coolie-boat, parti du comptoir français de Pondichéry, sur la côte orientale de l’Inde et qui transporte dans ses flancs 312 Indiens qui ont signé un engagement pour venir travailler au moins cinq ans dans les champs de cannes.

Entre 1854 et l’arrivée du dernier coolie-boat, en 1889, plus de 42 000 Indiens, hommes, femmes et enfants feront la traversée.

Beaucoup meurent avant la fin de leur engagement, d’autres repartent au terme de leur contrat, mais ils sont près de 15 000 à demeurer sur place et à se fondre progressivement dans la population guadeloupéenne, non sans transmettre et diffuser une partie de leur patrimoine culturel.

Les 312 engagés de l’Aurélie ont laissé peu de traces, mais il existe un document très symbolique : l’acte de naissance du premier enfant né de l’une des passagères de ce coolie-boat.

La mère s’appelle Mounouchy. Elle a 26 ans au moment de la naissance de sa fille, le 27 janvier 1855. Elle est cultivatrice et travaille dans un hameau de la ville des Abymes. Sa fille reçoit le prénom de Mary. On sait peu de choses de son existence, mais la vie ne devait pas être facile tous les jours dans la petite case où vivaient Mounouchy et son enfant, au numéro 22, puis au numéro 3 du hameau de l’Union.

Par la vertu des documents et des registres qui sont aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Guadeloupe, la mémoire de Mary Mounouchy et de sa mère n’a pas disparu.

« …Lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin qu’il nous a déclaré être
né de la demoiselle Mounouchy, fille de Coulapin, âgée de 26 ans,
immigrante indienne, cultivatrice, domiciliée hameau l’Union, n°22, section
de Céligny en cette commune, laquelle est accouchée au lieudit le samedi
vingt-sept janvier dernier à onze heures de relevée [23 heures], dudit enfant
auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Mary…
Registre des naissances de la commune des Abymes, acte n° 7, « naissance de Mary, fille
naturelle de demoiselle Mounouchy, fille de Coulapin ».

Archives dép. Guadeloupe, 1 E 1/63.

Les Archives départementales


Les Archives départementales font partie des compétences obligatoires du Département, qui en assure la gestion depuis 1986. Créées en 1951, suite à l’entrée en vigueur de la législation française sur les archives et à la transformation des quatre anciennes colonies françaises — Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion – en départements, les Archives départementales ont pour missions d’assurer la collecte, le traitement, la conservation et la valorisation de la mémoire écrite et iconographique de notre territoire.

On peut y faire sa généalogie et rechercher ses ancêtres, trouver l’origine de propriété d’un terrain ou d’un bâtiment ; retracer l’histoire d’une maison, d’un quartier ou d’une commune, mais aussi effectuer des recherches historiques et scientifiques sur la Guadeloupe.

Registres des nouveaux libres, matricules militaires, procès-verbaux du conseil privé, jugements civils et criminels, collections de disques, documents imprimés (presse quotidienne, périodiques, livres, revues, affiches, prospectus…), etc., attestent que les archives de la Guadeloupe sont abondantes.

Par ailleurs, les Archives départementales reçoivent, en don ou dépôt, des archives privées provenant de particuliers, de familles, d’associations ou d’entreprises. Ces éléments constituent des compléments essentiels aux archives publiques.

Les fonds d’archives accumulés au fil du temps forment aujourd’hui un ensemble d’environ 6 000 mètres linéaires qui sont à la fois le matériau de l’Histoire et le reflet des parcours individuels et des existences. Un patrimoine et une richesse accessibles aux généalogistes, aux chercheurs et au grand public.

À propos du type d’archives relatives à la population d’origine indienne en Guadeloupe, conservées aux Archives départementales, on y trouve :

  • des informations de nature généalogique dans les actes de naissances, mariages, décès ;
  • des documents administratifs et judiciaires permettent de retracer l’histoire de l’immigration indienne à la Guadeloupe (réglementation, correspondance, statistiques, rapports etc. ) ;
  • quelques photographies et cartes postales ;
  • de la presse, des ouvrages, des brochures ;
  • les copies de documents conservés dans d’autres institutions d’archives en France, comme les Archives nationales d’Outre-mer ;
  • une exposition itinérante et d’un dossier pédagogique.
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