Opinion. Le choc des savoirs : une énième réforme qui passe à côté des vrais enjeux

PAR OLIVIER NICOLAS

A peine quatre mois après son entrée en fonction, le ministre Gabriel Attal annonce à la va-vite une énième réforme de l’Education nationale qui passe à côté des vrais enjeux d’une école ne parvenant plus, à l’évidence, à remplir ses missions.

Aux conclusions désastreuses des évaluations nationales de CM1 et de 4e en mathématiques et en français, en particulier dans les Outre-mer, et au classement PISA 2022 rendu public le 5 décembre qui indique la chute de niveau de la France, notamment en mathématiques, le Gouvernement répond par l’amplification d’une politique éducative libérale qui promet de dégrader encore un peu plus le service public d’éducation.

Loin de toute autocritique du bilan d’un septennat aux responsabilités du président Macron qui promettait en 2017 une « école du futur » restée à l’état de slogan, Gabriel Attal prend le risque d’épuiser un peu plus un corps enseignant déboussolé par une succession de réformes imposées le plus souvent sans concertation approfondie avec les syndicats enseignants et les associations de parents d’élèves.

Sans rapport avec les attentes du terrain, le « choc des savoirs » en effet a des allures de déni de réalité :
‣ Cette réforme brutale ignore en effet délibérément l’écart persistant entre les élèves des milieux défavorisés et ceux venant des familles les plus aisées.
‣ Elle n’a pas un mot sur la formation des enseignants alors que les pays les mieux classés dans le classement PISA sont ceux où la formation continue des enseignants est une priorité.
‣ Elle fait l’impasse sur les 2 500 suppressions de postes prévus au budget 2024 après celles des budgets précédents (- 131 postes en Guadeloupe à la rentrée 2023) qui placent la France à l’avant-dernière place du classement PISA pour le nombre de professeurs devant le… Cambodge.
‣ Elle passe sous silence le fait que la France figure parmi les pays de l’OCDE où les effectifs par classe sont les plus élevés et où la crise des vocations dans l’enseignement est la plus criante.

Ce « choc des savoirs » est décidément un renoncement à l’ambition que notre école devrait porter pour chaque élève dans tous les territoires.

Le Parti socialiste réaffirme l’urgente nécessité d’une école pour tous, d’une école qui place la prévention et le traitement de la difficulté au cœur de ses priorités en reconstituant les réseaux d’aide spécialisée, en recrutant des enseignants formés et revalorisés à la fois financièrement et symboliquement, en allégeant les effectifs des classes ou encore en rétablissant le dispositif « plus de maîtres que de classes ».

Une École de la République juste pour tous, qui tient compte des spécificités de nos territoires, une école de la coopération, de l’altérité et de l’émancipation, une école qui ne laisse personne au bord du chemin — surtout en ce moment où l’on a besoin de fabriquer de la concorde et du commun : telle est l’ambition des socialistes de Guadeloupe pour notre jeunesse et pour notre pays.

Premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de la Guadeloupe
Secrétaire national aux Outre-mer

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