Nelson-Rafaell Madel : une voix pour le théâtre de la Caraïbe

Initié au théâtre en Martinique, Nelson-Rafaell Madel n’oublie pas d’où il vient. Entre la Martinique et l’Hexagone où il évolue, le théâtre lui permet d’affirmer son ancrage caribéen.

Nelson-Rafaell Madel porte en lui plusieurs voix. Celui qui voulait être chanteur a trouvé dans l’univers du théâtre un espace où l’espace idéal où peuvent s’exprimer plusieurs formes d’expression et il ne s’en prive pas ! Il est, au gré des projets et des sollicitations, chanteur, comédien, metteur en scène. « Pour moi qui ai d’abord été comédien avant de me lancer dans la mise en scène, j’ai la chance aujourd’hui de pratiquer à nouveau le chant grâce au spectacle dans lequel j’ai joué récemment le Nord de la France, Antigone ma sœur. Une libre adaptation autour du mythe d’Antigone, avec Karine Pédurand, programmée en Guadeloupe et en Martinique, en 2022. C’est un spectacle très musical entre le concert et l’oratorio qui sera présenté à Avignon, en juillet. »

Très jeune, pour Nelson-Rafaell Madel, la voie artistique, particulièrement, le chant a été un choix pleinement assumé. Son expérience du théâtre au collège se poursuit alors qu’il est élève au lycée de Fort-de-France, avec les cours de théâtre de la Scène nationale de Martinique. Une « option » qui occupe pleinement son quotidien aujourd’hui. « Dès le lycée, j’ai rencontré des gens qui m’ont donné envie de poursuivre, précise-t-il. Après la Terminale, j’ai décidé de continuer avec un master en études théâtrales, dans l’Hexagone. Parallèlement aux cours théoriques, je faisais du théâtre. Là, plusieurs personnes m’ont donné envie d’aller plus loin. »

Partir… pour mieux revenir

Sélune pour tous les noms de la terre était en tournée en Martinique et en Guadeloupe.

S’il poursuit son cheminement artistique loin de son île, la Martinique, c’est toujours pour mieux y revenir, enrichi de nouvelles rencontres, de nouvelles inspirations qui nourrissent son engagement que ses choix de textes, ses créations reflètent.

Théâtre des deux saisons, la compagnie qu’il a créée dès son arrivée à Paris, après le bac, a vocation à maintenir son ancrage caribéen. « Dès la première année à la fac, j’ai commencé à faire beaucoup d’allers-retours pour des ateliers. Mes interventions pouvaient prendre plusieurs formes. »

Des échanges entre ici et « là-bas » essentiels pour le metteur en scène qui veut faire se rencontrer ces deux mondes : l’effervescence théâtrale qu’on peut observer à Paris, Avignon ou d’autres grandes villes de l’Hexagone et nos territoires. Nous étions assis sur le rivage du monde, de José Pliya, auteur franco-béninois, ancien directeur de la Scène nationale de Basse-Terre (Guadeloupe), figure parmi les premiers textes qu’il a montés.

Développer une esthétique caribéenne

« Il n’y a pas meilleur texte qui dit la direction de ma compagnie ! Mon objectif est vraiment de créer des spectacles à cheval entre la Caraïbe et ailleurs tant au niveau de la distribution, que du choix des textes, que du lieu où on crée les spectacles… Certains ont été créés en Martinique, puis joués à Paris, et inversement », explique Nelson-Rafaell Madel.

La quête permanente d’une esthétique caribéenne est la raison d’être du théâtre, selon Nelson-Rafaell Madel et sa principale motivation. « Je veux vraiment créer ce lien et continuer à faire ce métier pour aller à la rencontre des autres, confie le metteur en scène. Pour moi, un spectacle est fait pour tourner, pour que le maximum de personnes le voient. C’est une façon de rencontrer aussi bien des acteurs, que du public, des collaborateurs avec qui travailler, de nouveaux lieux, des équipes… Le théâtre est un métier humain et de réseau : j’aime élargir ce réseau, faire de nouvelles rencontres, au gré des projets. »

Des projets qui l’amènent à être comédien (« le plus souvent pour les autres », précise-t-il) ou metteur en scène (pour sa compagnie) et parfois même chanteur ! Une pluridisciplinarité qui imprègne ses spectacles. « Dans mes spectacles, la danse, le corps, la musique, ont une place souvent très importante, reconnaît Nelson-Rafaell Madel. J’ai grandi dans une famille où la musique, la danse étaient très présentes. Je n’imagine pas mes spectacles autrement. Que je sois comédien ou metteur en scène, ce qui me motive beaucoup dans ce métier, c’est que les choses soient différentes d’un jour à l’autre, d’une année à l’autre. Faire ce métier permet vraiment d’aller à la rencontre des gens, de mettre de la beauté dans le monde, d’avoir une lecture du monde libre et plus douce. »

Une nouvelle création en tournée

Après la récente présentation de Patinage, avec, entre autres, la comédienne guadeloupéenne Karine Pédurand, le metteur en scène Nelson-Rafaell Madel était en tournée dans les communes de Martinique avec sa nouvelle création, Sélune pour tous les noms de la terre, d’après un texte de l’auteur haïtien Faubert Bolivar. actuellement en Guadeloupe. La dernière représentation est programmée à Lafabrik-Léna Blou (Les Abymes), samedi 3 juin.

Ce nouveau projet intègre la trilogie de trois spectacles conçus par Nelson-Rafaell Madel, et intitulée Dire non. Le cycle a débuté avec Antigone ma sœur, en septembre 2020, puis s’est poursuivi avec Patinage, présenté en avril 2023. Le troisième volet, Sélune pour tous les noms de la terre, est un monologue interprété par Karine Pédurand. « C’est l’histoire d’une femme qui cherche du travail et qui doit écrire une lettre pour demander des lettres de recommandation. Tout cela la submerge. Pendant la rédaction de cette lettre, plusieurs pans de sa vie lui reviennent depuis son enfance, les injustices, jusqu’au prénom qu’on lui attribue et qui n’est pas le bon. »

Cécilia Larney

Samedi 3 juin, Lafabrik, école de danse, à 19 heures. Les Abymes. Pour en savoir plus : www.lartchipel.com

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