Orlane, chanteuse : « Les restaurants sont devenus nos principaux employeurs »

Nouvelle invitée de notre série de témoignages d’artistes face à la crise sanitaire, Orlane est à l’origine de la création du CAMP, Carbet des Artistes Martiniquais professionnels.

En mars 2020, quand le confinement a été décidé, quelle a été votre réaction ?

Comme tous les autres artistes, je me suis conformée au règlement, sans trop me poser de questions. C’était normal de faire front commun contre cette menace totalement inconnue. Après, certains commerces ont réouvert, mais les lieux de spectacles, salles de concert… sont restés fermés. Les restaurants ont réussi à ouvrir avec un protocole sanitaire drastique, les bars sont restés fermés. Si bien que peu à peu, les restaurants sont devenus nos principaux employeurs. Puis, on leur a imposé un couvre-feu : dès lors, ça devenait impossible de travailler avec un couvre-feu à 21 heures. Du coup, j’ai pensé qu’il fallait que les artistes se défendent tous ensemble. J’ai monté, en octobre 2020, une association, le CAMP, Carbet des Artistes Martiniquais professionnels. Nous sommes un groupe de 148 artistes.

Quelles sont les incidences de cet arrêt de l’activité culturelle ?

Au moment où le Covid s’est déclaré, on s’est tous retrouvés une main devant, une main derrière : on ne travaillait pas ! Ceux qui, comme moi, sont intermittents, parvenaient à avoir une allocation de Pôle Emploi pour faire face aux dépenses les plus urgentes. Toute la difficulté quand on est intermittent, en Guadeloupe ou en Martinique, c’est de pouvoir justifier de 507 heures travaillées ! Un quota qu’il faut reproduire tous les ans pour bénéficier du statut d’intermittent. Mais, l’immense majorité n’étant pas déclarée, sans prestation, ils n’avaient pas de rentrée d’argent. Il n’était pas question de laisser sur le carreau les artistes non déclarés.

« Il a fallu expliquer la réalité d’un artiste qui vit de son activité ! »

Quelles démarches avez-vous entreprises ?

Nous avons rencontré les différentes institutions, notamment celles qui sont en charge de la Culture et de nous, en tant que citoyens. Il a fallu faire de la pédagogie pour expliquer ce que c’était que d’être un artiste en Martinique et de vivre de ce métier en tant que professionnel. La mâchoire leur en est tombée bien souvent parce qu’il n’y a même pas une quarantaine d’intermittents déclarés en Martinique. Tous les autres travaillent « sous les radars » parce que la structure économique du pays ne permet pas de déclarer les artistes avec des cachets corrects.

Quels retours concrets avez-vous pu obtenir ?

A la Direction des Affaires Culturelles, nous avons eu un accueil très chaleureux, mais aussi à la préfecture de Martinique, à la Collectivité Territoriale de Martinique, à la Direction du Travail, à la Caf, à la Cacem (Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique), à la direction du Travail, au Cap-Nord et à Pôle Emploi. Le préfet de Martinique, Stanislas Cazelles, a été le premier à allouer une subvention, y compris pour les artistes non déclarés. Il faut lui rendre cette justice. Puis, sont venues la DAC et CACEM. La Cacem n’a pas de volet culturel, mais un budget social de 50 000 euros a été acté pour tous les artistes de Martinique, parce que les artistes sont des citoyens, ont des entreprises, participent à la vie économique de l’île. Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, a sensibilisé les élus à notre situation. Avec la Cacem, nous poursuivons nos échanges pour la professionnalisation des artistes. Le mois dernier, la Collectivité Territoriale de Martinique a débloqué une aide, votée le mois dernier, pour 115 artistes de Martinique. Avec le Comité Martiniquais du Tourisme, nous signerons une convention. On ne s’est pas contenté de demander de l’argent, nous avons surtout apporter des projets pour pérenniser notre activité en Martinique.

Propos recueillis par Cécilia Larney

L’actualité d’Orlane

Très active au sein du Camp (Carbet des Artistes Martiniquais Professionnels), qui s’attache désormais à « construire l’avenir », Orlane a collaboré avec le groupe GBK, pour un titre. Prochainement, Orlane qui se dit « impatiente de revenir chanter en Guadeloupe » proposera un nouveau produit en ligne : « J’ai toujours une foi inébranlable dans la musique, donc je continue ! »

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