Simone Schwarz-Bart : « Tout l’amour que j’ai donné me revient aujourd’hui ! »

Organisé par le Conseil départemental pour mettre à l’honneur, de leur vivant, ceux et celles qui font rayonner la Guadeloupe, On ti zyédou a repris, ce lundi 30 septembre, avec une personnalité prestigieuse, la romancière Simone Schwarz-Bart.

C’était l’une de ces soirées touchées par la grâce, où tout concourt à rendre l’instant mémorable. Pour Simone Schwarz-Bart, la principale concernée, mais aussi pour tous ceux qui avaient fait le déplacement pour lui témoigner respect et affection. Dans l’assistance, aux côtés de Guy Losbar, président du Conseil départemental, de Michel Mado, président de la commission Culture et patrimoine, François Derudder, directeur des Affaires culturelles de la Guadeloupe, Ernest Pépin, Corinne et Pierre Sainte-Luce, Régine Jasor, Brigitte Rodes, Nicole Réache, Richard-Viktor Sainsily-Cayol, Nathalie Hénaut, Alex Nabis, Georges Brédent, Jacques Bangou…

C’est naturellement à La Souvenance (Goyave), maison des Illustres Simone et André Schwarz-Bart que s’est déroulée la cérémonie de mise à l’honneur de Simone Schwarz-Bart, ce lundi 30 septembre. Une date qui n’est pas frappée du sceau du hasard, André Schwarz-Bart, bien-aimé époux et éternel complice de Simone Schwaz-Bart, Prix Goncourt 1959 pour Le Dernier des Justes, étant décédé le 30 septembre 2006.

Des textes de référence

« Tous les 30 septembre, je passe la journée en pleurs, confie Simone Schwarz-Bart, 86 ans. Aujourd’hui, que je sais que mon combat a abouti, que le combat d’André Schwarz-Bart est reconnu, je ne pleure plus. Je crois que ce qui me revient aujourd’hui, c’est tout l’amour que j’ai également donné. On a dans la corbeille ce qu’on y met. Si on n’y met rien, on ne reçoit rien ! »

Auteure du roman d’anthologie, Pluie et vent sur Télumée Miracle (1972), de Ti Jean l’horizon, Ton beau Capitaine, mais aussi d’ouvrages de référence avec André Schwarz-Bart (Un plat de porc aux bananes vertes, L’Ancêtre en solitude, Hommage à la femme noire, Adieu Bogota…), Simone Schwarz-Bart a rappelé son attachement à la Guadeloupe… qui le lui rend bien !

« Je ne m’attendais pas à une fête aussi splendide ! Je sens qu’il y a ici, comme dirait mon amie Ghys [NDLR, Ghislaine Nanga], trois gouttes d’amour dans un verre d’eau. C’est vrai que j’aime la Guadeloupe, mais je dois dire aussi que la Guadeloupe m’aime, je le ressens ! La vie est un échange permanent. Il faut accepter tout ce qui arrive : le bon et le mauvais. Il faut savoir être de transformateurs. C’est extraordinaire avec la Guadeloupe : ce que vous attendez ne vous attend pas ! Il y a toujours autre chose : les gens sont en perpétuelle création d’eux-mêmes. Il faut savoir écouter, et voir. Je vais toujours écrire sur « l’avant » : craignons de trahir les nôtres en n’en parlant pas ! Il faut en parler, il faut les montrer parce que c’est par leurs histoires que nous arriverons à connaître la nôtre ! »

La promesse de Jacques Schwarz-Bart à sa mère

Estelle Szwarcbart-Hubert, belle-fille de Simone, a très justement loué l’élégance naturelle de sa belle-mère, « Mamie Sissi », et sa capacité à écouter l’autre.

Le célèbre saxophoniste Jacques Schwarz-Bart, l’un des fils du non moins célèbre couple d’écrivains, a ajouté à l’émotion de la soirée par sa présence, une surprise pour sa mère. Il a interprété Incantation, un titre en hommage à son père, André Schwarz-Bart, avec Audray Clodion (claviers), Stéphane Castry (basse) et Jérôme Castry (batterie). Ont suivi, From Gorée To Harlem, et Agoulou, une biguine dont raffole sa mère, à qui il a promis – devant témoins – un album de biguine « avant qu’elle parte ».

Initiateur du rendez-vous mensuel, On ti zyédou, le président du Conseil départemental, Guy Losbar, s’est également engagé en annonçant le début des travaux de réhabilitation – tant attendus – de La Souvenance à partir de ce 1er octobre. Simone Schwarz-Bart aurait-elle pu être plus comblée ce 30 septembre ?

Cécilia Larney

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