Guadeloupe. Le bas du bourg de Petit-Canal, un espace mémoriel unique

Une tribune de Raymond Boutin, professeur d’histoire à la retraite.

Raymond Boutin.

Le bourg de Petit-Canal prend naissance au XVIIIe siècle le long du chenal qui sert aujourd’hui d’abri aux embarcations des pêcheurs. Dénommé parfois simplement Le Canal, il finira par désigner l’ensemble du Quartier de Mancenillier qui s’étend de la ravine des Coudes au Sud (aménagée en canal des Rotours depuis 1822) à la ravine Gaschet au Nord. Sur le plan de l’isle Grande-Terre, dit des arpenteurs levé et réalisé par François Marie Amaudric de Sainte Maure en 1732, il est appelé canal à Girard du nom du propriétaire qui l’a creusé à une date inconnue. Ce dernier descend d’une famille originaire des Sables-d’Olonne dont le premier, prénommé Jean, arrive en Guadeloupe en 1709 comme chirurgien major du Fort Louis au Gosier. En 1723, il acquiert une habitation au Gosier, puis au Port-Louis où il décède en 1726.

Endommagée par le cyclone de 1776

La nouvelle localité se structure avec l’édification de l’église. En 1733, les habitants adressent la requête à l’administration, mais c’est seulement en mars 1739 que les plus hautes autorités coloniales leur permettent de s’assembler pour délibérer sur son emplacement. Celle-ci doit éviter aux fidèles le déplacement dominical hasardeux à la pointe d’Antigue et se concrétise à une date inconnue. Nous supposons qu’elle devait être en bois. La carte dite des ingénieurs du Roi semble la situer au haut de la falaise dans l’axe du canal. Elle a été endommagée lors du cyclone du 6 septembre 1776. D’autres lui ont succédé.

L’actuelle, reconstruite par Ali Tur suite aux dégâts occasionnés par le cyclone de 1928, a conservé une grande partie de celle de 1847- 48, elle-même édifiée après le terrible séisme de 1843. La disposition de l’église intrigue les visiteurs bien qu’elle respecte l’orientation est-ouest. Son entrée regarde vers la mer et témoigne de la localisation ancienne du village le long du canal et dans ses environs.

Un site référencé dans tous les guides

Le bas du bourg, longtemps un poumon économique de la commune, offrait des services des plus variés, transport de personnes et de marchandises vers La Pointe, l’expédition du sucre de l’usine Duval, présence de nombreuses pirogues, de caboteurs de liaison avec Beautiran et la ville centre. Le cyclone de 1928 et le raz de marée ont accéléré son glissement vers l’Est notamment avec le déplacement du marché couvert. Ce pôle, dynamique jusque vers 1930, a été totalement déserté dans les années 1960 et n’a conservé comme activité que la pêche artisanale à laquelle les loisirs se sont adjoints, en particulier avec la vedette Clarisma.

À partir des années 1980, la zone devient un site mémoriel unique, reconnu, référencé dans tous les guides et connaît un regain de fréquentation. En haute saison touristique, près de 70 visiteurs y défilent à l’heure. Sa gestation originale en fait une construction sociale inédite que l’on peut décrypter en analysant le déroulement des faits et les différentes étapes.

Les acteurs de cette transformation agissent dans le contexte particulier de revivification du passé d’asservissement. Cette dernière est à la fois confuse et diffuse chez les Petits-Canaliens. Tous savent, même vaguement, que leur commune a compté de nombreux esclaves. Cette connaissance se fonde sur la présence des tours de moulins dans le paysage – une cinquantaine -, sur les histoires colportées dans les familles et sur la toponymie, car tous les lieux portent des noms d’anciens colons.

Une mémoire revivifiée par les travaux des historiens

Les statistiques la corroborent et nous apprennent qu’avec 6467 personnes en 1847, elle a totalisé la deuxième population servile après Le Moule. Le vocabulaire usuel évoque aussi cette époque, ainsi on menaçait couramment les gamins de la punition des quatre piquets (« kapikèt »), on rétorquait parfois à quelqu’un, « apa mwen ki mené-w isi », allusion claire à la traite ou à l’engagisme. Quand le temps hésitait entre le soleil et la pluie, les enfants chantaient « Man Dévayé gadé lapli voyé soley ». Cette propriétaire ayant, selon la tradition, laissé le souvenir d’un maître qui infligeait de très mauvais traitements à son atelier. Enfin, tous les Petit-Canaliens croient que le monument commémoratif de l’abolition, construit en 1848-49, restauré en 1923 (1) à l’initiative de la Fédération mutualiste en accord avec la municipalité, conserverait en son sein des instruments de torture de la période servile.

Sur le plan des représentations, dans les années 1950, le « neg marron » est davantage le prisonnier évadé des geôles coloniales que l’esclave en fuite ou réfugié dans les bois.

Sur un plan global, la mémoire a été revivifiée dans les années 1960-1970 par le travail de recherche et de vulgarisation des historiens, au premier desquels Jacques Adélaïde-Merlande. Celui-ci, par ses interventions répétées sur les ondes et ses articles dans la presse a contribué à en faire un fait de société qui aujourd’hui, néanmoins, divise le public en trois grandes tendances.

L’une d’elles considère qu’il ne faut point ressasser ce passé, et à l’inverse, d’autres en font l’alpha et l’oméga de tout, insistent sur la victimisation et l’héroïsation, désignent les esclaves comme seuls artisans de l’abolition. Entre les deux extrêmes, les partisans de la nuance, soucieux de la vérité historique, restent souvent inaudibles et sont même parfois cloués au pilori.

La sortie de l’esclavage du champ des débats entre intellectuels pour devenir un sujet courant d’échange ne comble pas un prétendu vide désertique, ne dissout pas une ignorance absolue. Qu’on se souvienne seulement que le Tour cycliste de la Guadeloupe a été créé pour commémorer l’abolition de la servitude, que les élèves des années 1950 se pressaient en rangs serrés pour assister à la projection de La Montagne est verte qui mettait crûment en lumière les conditions de vie, les sévices, le marronnage et la répression.

I- La gestation de l’espace

  1. Le premier pas

L’espace devenu mémoriel a été modelé par l’homme. Les ruines de pierre demeurent les signes les plus visibles de l’occupation du site, elles concernent les maisons, les restes de la batterie sur la rive gauche du canal. L’archéologie a encore très récemment mis en évidence sur la rive droite les fondations d’entrepôts qui témoignent de la vitalité du port. 

À regarder l’ensemble, on constate que les marches s’inscrivent dans un paysage très contrasté. À droite, en les descendant, la pente douce porte quelques traces de fondations d’immeubles tandis qu’à gauche, nous observons une falaise raide et une sorte de place occupée jadis par des maisons.

Aujourd’hui, la végétation la recouvre, mais laisse entrevoir une ruine géométrique dont nous ignorons la nature. La carte des ingénieurs du Roi de 1764 par le procédé d’estompage indique l’état initial. Cette verticalité rocheuse n’est donc pas naturelle, elle résulte du travail des hommes. Ces derniers l’ont consolidé par endroit, surtout, ils l’ont creusée pour aménager un four et des réserves.

Jusqu’à la fin des années 1970, l’endroit comptait quelques rares habitations pérennes, les gens disaient simplement « les marches » ou « mach légliz » et les empruntaient pour se rendre à la darse, dans les jardins et sur les propriétés dont certaines étaient plantées en canne à sucre, pour gagner les quelques cases servant de dépôts à certains pêcheurs.

Des « marches de l’église » aux « marches de l’esclavage »

L’ancienne prison.

La délibération du conseil municipal du 24 février 1975 le confirme. À cette date, les élus décident de la « consolidation des marches de l’église ». Trois ans plus tard, en décembre 1978, ils annulent le projet pour cause de retard et de renchérissement du coût, mais une évolution s’est produite. Ils parlent des « marches de l’église ou encore renommé marches de l’esclavage. » En février 1994, l’appellation n’est toujours pas définitivement fixée puisque le même conseil évoque l’embellissement du jardin des marches de l’esclavage. Toutefois, le journal France-Antilles du 1er juin 1994 rend compte de l’inauguration du 28 mai et situe le monument au pied « des ruines des marches des esclaves ». Dans ces années 1970-1990, les footballeurs de L’Équinoxe, le club du bourg, en avaient fait leur espace d’entraînement privilégié.

Le caractère mémoriel s’affirme donc avec la dénomination de cet escalier monumental et singulier. L’appellation « Marches des esclaves », semble donc plus tardive. Quoi qu’il en soit, cette dénomination résulte de l’extrapolation d’une monographie que le chanoine Ballivet a consacrée à la commune.

L’homme de foi publie à partir de 1913 une série consacrée aux paroisses de la Guadeloupe. Dans l’article dédié à Petit-Canal, il écrit à propos des marches : « … Le monument (2) se trouve à côté de l’escalier, qui du bas de la falaise permet d’accéder au plateau supérieur. Il compte 57 marches en pierres de taille disposées par palier. Chaque habitation du Quartier offrit une marche, les cinq dernières furent offertes par le conseil municipal et la fabrique (3). »

Cet extrait décrit et localise l’édifice en précisant son usage et son financement, néanmoins des gens ont déduit de cette lecture que les marches devaient s’appeler « des esclaves ». Force est de constater que nous ne disposons à ce jour d’aucun repère temporel, d’aucune décision formelle, d’aucun engagement de qui que ce soit dans la construction. Cela rend difficile la datation de l’édifice. Nous ne pouvons donc qu’émettre des hypothèses.

Hypothèse 1

Ont-elles été construites bien avant l’émancipation, fin XVIIIe, début XIXe siècle ? Aucun indice ne vient l’étayer.

Hypothèse 2

Les marches ont été construites en même temps que l’église, entre 1844 et 1847 donc à l’époque de l’esclavage finissant. Des indices et en particulier un texte vont dans ce sens. Il est tout à fait plausible (4) que les habitants aient offert ces marches pour permettre d’accéder au plateau supérieur, donc à l’église.

Ces offrandes ont pu revêtir plusieurs formes :

  • celle de journées de travail fournies par le personnel des habitations, des esclaves, donc. (terrassement, transport, maçonnerie, etc.) 
  • celle de dons matériaux,
  • en numéraire. Une souscription a-t-elle été lancée ou placée chez un notaire du coin ? La commune et la fabrique ont dû inscrire cette dépense à leur budget.

La nature des roches, pierres de taille calcaires, suppose le recours à un ou des professionnels et sans doute une entreprise. Les investigations sont restées vaines, vu que des documents ont disparu suite aux incendies et à leur mauvaise conservation.

Dans une délibération du conseil privé en date du 25 septembre 1849, le rédacteur fait mention de l’entreprise qui a reconstruit l’église. On lui fait divers reproches dont celui d’avoir « exécuté en dehors des devis des travaux « inutiles » pour un montant de 687,20 francs ». La question se pose de savoir lesquels, en outre cette somme ne semble pas correspondre à l’ampleur des travaux de construction de l’escalier. En fait, nous trouvons la réponse dans la situation suivante avec des travaux qui nécessitent des hommes de l’art et une entreprise qui a effectué des travaux jugés « inutiles ». La tentation est grande de rapprocher les deux faits et de conclure à l’intervention de cette dernière, mais ce serait hasardeux avec si peu d’indices.

Un fait est plausible. Le travail a été effectué par la main d’œuvre de cette époque, les esclaves.

Hypothèse 3

Les marches ont été construites après l’abolition en même temps que le monument commémoratif de l’abolition, entre 1848 et 1849. En tout état de cause, elles sont antérieures à 1850. Cette année-là, l’abbé Castets adresse un rapport à son évêque. À propos de l’accès à l’église, il écrit : « On y arrive du bourg par un escalier de 60 à 80 marches » (6). Cette affirmation est surprenante. L’abbé ignore le nombre de marches et son estimation haute est fantaisiste. Est-ce dû à sa présence récente dans la paroisse ou à l’édification récente ?

Nous restons face à une autre interrogation. Pourquoi n’en fait-on aucune allusion à l’occasion des visites de l’évêque, du gouverneur, de Bissette, du commissaire de police de Pointe-à-Pitre, etc. Aucun compte rendu n’en fait mention. Certaines personnalités sont sans doute arrivées par la mer et le port et les ont gravies, ce qui n’est pas de tout repos. La presse de l’époque et les documents manuscrits restent muets à ce sujet.

Cette recherche difficile ambitionne de trouver une aiguille dans une botte de paille, mais elle peut aboutir pour plusieurs raisons :

  1. Le survol de certaines délibérations jugées sans rapport avec le sujet uniquement à partir de l’en-tête de présentation
  2. Si les marches ont été offertes par les colons, il y a forcément une trace dans les comptes de certains d’entre eux
  3. Les marches sont un travail de professionnels (tailleur de pierres) et l’entreprise qui les a réalisées, sans doute avec des esclaves à talents, en a gardé trace.
  4. Les marches ont une emprise foncière, il a bien fallu négocier cette emprise.
  5. Enfin les archives privées n’ont pas été consultées.

Il est possible de faire la lumière sur la construction de ces marches. La fréquentation assidue des sources d’archives laisse le sentiment d’une société sous contrôle, où il faut demander l’autorisation pour tout. Le conseil privé discute de tout, même parfois du remplacement de gouttières dans certains bâtiments. Comment l’érection d’un tel monument peut-elle passer inaperçue ?

Si nous restons encore dans l’incertitude à propos des marches, il n’en est pas de même du monument implanté à leur sommet. Il commémore l’abolition de 1848 et passe pour être le plus ancien du département dans cette catégorie.

b- 1994- Bicentenaire de la première abolition

L’année du bicentenaire de la première abolition de l’esclavage s’ouvre sur une ambiguïté et un débat entre deux thèses. L’une estime qu’il n’y a pas matière à commémorer puisque cette abolition de jure n’a pas vraiment changé la situation de la majorité, les esclaves de jardin sont restés attachés aux habitations. Leurs contradicteurs affirment que l’abolition en droit n’est pas négligeable et estiment que l’on ne peut bien saisir les évolutions en l’ignorant. De nombreux esclaves ont profité de cette abolition en s’engageant dans l’armée coloniale, devenant une force sociale et politique conséquente. Par ailleurs, s’interrogent-ils comment parler de rétablissement de l’esclavage en méconnaissant cette abolition ?  

M. Beausivoir, président du Comité 94, partisan de la commémoration qui souhaite lui donner un éclat en l’inscrivant dans le paysage par un ou des monuments, engage un marathon pour convaincre les décideurs politiques de l’intérêt de sa démarche. M. Florent Mitel, maire de la commune de Petit-Canal, lui prête une oreille attentive, et mieux promet un engagement. C’est ainsi que le Monument à l’esclave inconnu voit le jour. L’artiste Jocelyn Pézeron réalise une œuvre en béton armé symbolisant l’Afrique et l’inscrit dans un espace triangulaire qui, selon le projet initial, doit figurer le commerce de la traite négrière par l’implantation à chaque angle d’un arbre représentatif de chacun des continents. Il est inauguré le 28 mai 1994.

Cette réalisation marque le passage de la simple dénomination d’un édifice ancien à la création d’un espace mémoriel symbolique. Cela ne se vit pas encore ainsi, mais dès cette inauguration un scénario s’écrit. Les marches, désormais dites des esclaves s’élèvent entre deux monuments commémorant, à 54 ans, d’intervalle l’abolition de l’esclavage. L’escalier représente symboliquement, par sa raideur et son architecture, la longue marche des esclaves vers la liberté définitive. Ce demi-siècle de lutte est marqué par le passage d’Ignace à proximité. Révolté par le comportement des troupes de Richepance et Lacrosse, il fuit Pointe-à-Pitre et vient en mai 1802 embarquer avec ses hommes sur les quais du Canal. Il compte rejoindre Delgrès à Basse-Terre en passant par Lamentin, Deshaies et Bouillante.

L’esclavage, un sujet de conversation courant

En 2002, année du bicentenaire de la guerre de Guadeloupe et du sacrifice de Louis Delgrès, le conseil régional et son président Victorin Lurel décident d’inscrire plus profondément le souvenir des combattants dans l’espace public en offrant aux bourgs et villes des bustes de Louis Delgrès. Comme les autres communes, Petit-Canal en reçoit un exemplaire et se pose la question de son implantation.

Entretemps, l’esclavage était devenu un sujet de conversation courant. Chacun y apportait sa touche, peu importait que la contribution fût plus proche du conte que de l’histoire. Il fallait coûte que coûte combler les vides laissés par l’Histoire. Les marches étaient devenues le lieu d’où on jetait les esclaves dans des tonneaux, le petit port se muait en important lieu de traite de la colonie et bien entendu, les nouvelles acquisitions des maîtres escaladaient les marches.

De leur côté, les militants nationalistes en faisaient leur chasse gardée, tandis que les historiens prudents attendaient. Lieu visité, éclipsant même le monument commémoratif érigé en 1849, les marches devinrent lieu de pèlerinage, produit d’appel touristique, passage obligé et repère de rastas de la commune. Ces derniers réalisèrent des travaux de maçonnerie d’un muret et d’un tumulus (monticule de pierres). Ces initiatives qui défiguraient l’espace allaient cependant servir et s’intégrer dans la symbolique mémorielle. Le maire Florent Mitel récupéra la monstruosité, la renforça, l’adapta et en fit le socle de la statue offerte par la Région-Guadeloupe et matérialisa ainsi la symbolique de la lutte antiesclavagiste. La mise en place de la figure héroïque de Delgrès au pied des marches laisse entrevoir le long temps de résistance – 46 ans – que les esclaves ont vécu et qui a conduit, grâce au soutien des antiesclavagistes, dont Schœlcher, au décret de février 1848.

Plus récemment, l’association Patrimoine et Savoirs, gestionnaire du Musée de la Vie d’antan, a porté sa pierre à l’édifice en installant dans un espace prévu à cet effet la liste des noms des personnes libérées de l’esclavage en 1848.

II- Les acteurs de cette construction

Cette composition non concertée est une œuvre sociale en ce sens qu’elle résulte de l’action d’acteurs divers :

  • La puissance publique
  • Le conseil municipal dirigé successivement par les maires M. Vrécord et F. Mitel ont joué un rôle éminent qui n’est pas toujours exempt de reproches. C’est lui qui décide de la dénomination marches des esclaves. Quand ? Comment ? Nous l’ignorons. Il accepte la proposition de Monsieur Beausivoir, autorise et finance en partie l’édification du monument à l’esclave inconnu. Il choisit la rénovation des marches plutôt que la réhabilitation, mais comme souvent en ignorant les instances compétentes et les gens du patrimoine pour laisser agir les professionnels du bâtiment. Le résultat, les marches sont moins larges qu’à l’origine et leur aspect ancien a été fortement atténué.

Parallèlement, l’entretien du monument de 1848 a été constant.

La société civile a contribué diversement au mouvement. Les militants indépendantistes du groupe de M. Amédien, avec l’accord du M. Mitel, ont enrichi le site en inscrivant sur des planchettes les noms des ethnies qui ont fourni malgré elles des victimes de la traite.

Les marginaux de la commune ont, à l’occasion, suppléé la puissance publique pour l’entretien et la propreté des lieux, quoiqu’avec des débordements.

Le site du bas du bourg témoigne de notre passé et de notre capacité à produire un espace mémoriel singulier par la concentration des symboles et le mode d’élaboration. Néanmoins, celui-ci reste améliorable. La place réservée aux noms des derniers esclaves mérite de la distinction, de la splendeur, des matériaux nobles et durables. Par ailleurs, le passage d’Ignace en mai 1802 oblige à une réalisation évocatrice et digne.

Insuffisamment exploité du point de vue pédagogique comme financier, l’espace a su toutefois dépasser l’ambiguïté de sa dénomination pour devenir symbolique et unique dans le pays.

Raymond Boutin, professeur à la retraite
  • (1) Le Nouvelliste du 23 avril 1923
  • (2) Il s’agit du monument commémoratif de l’abolition de l’esclavage en 1848
  • (3) Association paroissiale chargée d’administrer les biens d’une église.
  • (4) Les colons font des dons souvent en nature, ainsi M. Chérot fait don à l’administration d’un terrain pour la construction de la gendarmerie
  • (5) Conseil privé du 25-9-49. Liquidation des travaux de l’église de Petit-Canal
  • (6) Rapport au supérieur (l’évêque) le 12 septembre 1850, les archive de l’Évêché ; dossier Petit-Canal.
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